Danser la peinture
pour une contre-histoire dansée de l'art
Un livre de Laurent Paillier et Philippe Verrièle
Danser l'œuvre d'un artiste, tel est le défi lancé par le photographe Laurent Paillier et le critique de danse Philippe Verrièle à onze jeunes chorégraphes représentant la plus remuante des scènes d'aujourd'hui.
Onze chapitres donc : pour chacun l'œuvre d'un plasticien a été proposée à un chorégraphe. Chaque séance dansée et photographiée est rendue par une dizaine d'images, accompagnées d'un texte sur le plasticien lu dans la perspective de son lien à l'art chorégraphique, ainsi que d'un entretien avec le chorégraphe à propos de ce plasticien et, plus généralement, de sa relation avec les arts plastiques.
Onze artistes majeurs, de Fontana à Klein, de Pollock à Degottex, et c'est là que les jeunes chorégraphes sont indispensables : quand on prendrait plutôt des gants pour se frotter à certaines figures, eux les abordent à bras-le-corps, voire au corps-à-corps.
La relation danse et arts plastiques est revisitée dans ce cadre original et décapant où, une fois n'est pas coutume, c'est aux chorégraphes de donner leur sentiment sur des artistes et de les prendre comme sujet, quand il est plutôt d'usage que ce soit l'inverse.
Photos Laurent Paillier, photographe de danse
Textes Philippe Verrièle, critique de danse
Ouvrage publié aux Nouvelles éditions Scala
Octobre 2015
ISBN : 978-2-35988-154-7
Sommaire
Perinne Valli / Vassily Kandinsky
Arthur Perole / Constantin Brancusi
Tatiana Julien / Ernst Ludwig Kirchner
Jesus Sevari / Lucio Fontana
Leila Gaudin / Louise Bourgeois
Malika Djardi / Jackson Pollock
Anne Nguyen / Jean Degottex
Éric Arnal-Burtschy / Yves klein
Erika Di Crescenzo / Jean Rustin
Kaori Ito / Vladimir Velickovic
Mélanie Perrier / James Turrell
Extension _ Questions à Eric Arnal-Burtschy par Philippe Verrièle
Noir, or, bleu. Tu respectes soigneusement les références couleurs d'Yves Klein. Pourquoi avoir choisi de faire apparaître l'or sous le noir et d'être aveuglé par le bleu ?
Le noir sous l’or aurait un engloutissement, celui de la disparition de la couleur et de la brillance. Sans parler des monochromes, Klein au contraire travaillait dans certaines œuvres sur une apparition presque magique du motif, d’un corps enduit ou projeté à travers l’outil et je voulais respecter une certaine logique de la construction de l’œuvre : c’était la première fois que l’on me proposait de travailler ainsi, sur un autre artiste, dans une forme de commande dont je ne définissais pas les termes et je voulais me plier à cela, assumer cette contrainte. Quant au bleu, ses monochromes et certaines de ses œuvres bleues ont été un amour pour moi à un moment, je voulais y faire référence et à vrai dire… je n’aurais pu m’empêcher d’en mettre un peu.
Les anthropométries étaient réalisées par des corps de femmes. Ici, c'est un corps d'homme. Quelle signification faut-il donner à ce changement de genre ?
Le fait que ce soit un corps d’homme ou de femme ne fait pas sens pour moi. Dans mes souvenirs, je crois que Klein a réalisé quelques anthropométries avec des hommes, qui ont eu nettement moins de succès, mais j’ai eu la sensation assez désagréable que ce manque de succès n’était pas dû à des raisons esthétiques (cela ne change pas fondamentalement la donne sur la toile) mais plus pour une raison assez semblable (et énigmatique du reste) à celle qui fait disposer une femme en bikini à côté d’une voiture pour la vendre et non un homme. J’ai donc volontairement choisi de mettre en scène un corps d’homme et non de femme car ce que cela pouvait porter en filigrane me dérangeait.